L’application de la peine de mort affecte la dignité humaine. C’est une sanction injuste, assimilable à la torture. Les États qui l’appliquent ne sont généralement pas équipés d’un système judiciaire indépendant garantissant des procès équitables. Par ailleurs, cette punition est souvent infligée aux catégories de la population les plus défavorisées, discriminées ou marginalisées, notamment les minorités religieuses et ethniques. La peine capitale est aussi utilisée comme une arme politique à l’encontre des opposants et de ceux qui exercent leur droit légitime à la liberté d’expression. Elle diffuse un climat de peur, accentué lorsque les exécutions sont publiques comme dans certains pays au régime autoritaire tels que l’Iran. Ashraf Fayad, poète et écrivain palestinien, est actuellement détenu en Arabie saoudite. Il a été condamné à mort pour « apostasie » et pour avoir encouragé « l’athéisme dans ses écrits ». Mahmoud Muhammad Taha, penseur musulman soudanais, a été pendu en 1985 sous la pression des musulmans intégristes pour avoir tenté de moderniser l’islam. L’évolution de l’interprétation de l’islam a pourtant pour corollaire le respect du droit à la liberté d’expression et l’abolition de la peine de mort. Sa suppression dans les États membres de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) est ainsi essentielle au renforcement du respect des droits de l’homme, au changement démocratique et au développement. La participation des États aujourd’hui membres de l’OCI à l’élaboration des instruments internationaux des droits de l’homme a constitué une avancée considérable pour la protection universelle de ces droits. Ainsi, nombreux sont les États à majorité musulmane qui ont contribué à la rédaction de la Déclaration modification constitutionnelle est intervenue pour abolir la peine de mort ; au Bénin, le rôle joué par la Cour constitutionnelle a été déterminant pour écarter son application ; il a aussi fallu modifier les codes pénaux et militaires pour éliminer toute référence à la peine capitale dans les États abolitionnistes ; enfin, le caractère sacré de la vie tel qu’il est conçu dans certaines traditions africaines a conduit certains États africains à l’abolition. Notre travail nécessite de réfléchir dans un premier temps à la question de la peine de mort en islam, puis à observer les processus menant à l’abolition grâce à l’étude de cas de plusieurs États abolitionnistes membres de l’OCI.
Les Processus d’abolition de la Peine de Mort dans les États Musulmans
Dernière mise à jour : 24 juil. 2022
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